Longtemps reléguée aux marges du développement national, Maï-Ndombe tente aujourd’hui de se repositionner sur l’échiquier institutionnel. En dépit de ses richesses naturelles et de son potentiel stratégique, la province reste enclavée, méconnue et fragilisée par une gouvernance contestée. Dans ce contexte, l’Honorable Pascal Aimé Mongo Lokonda, élu d’Inongo et président du CNARC, incarne une voix dissidente, porteuse d’une vision de rupture et de relèvement durable.
Mais peut-on réellement parler de renaissance quand les infrastructures de base sont inexistantes ? Pourquoi Maï-Ndombe, jadis considérée comme le coffre-fort du Roi des Belges, se retrouve-t-elle sans électricité, sans eau potable, sans université viable, ni banques ou entreprises structurées ? Comment expliquer que ses habitants continuent de subir inondations, insécurité et chômage, sans qu’aucune réponse structurelle ne soit apportée ?
Le message viral « Black Water » du Vice-Premier Ministre de l’Intérieur a-t-il suffi à repositionner le lac Maï-Ndombe comme vitrine nationale ? Ou n’est-ce qu’un écran de fumée masquant une réalité institutionnelle plus préoccupante ?
Et que dire de la gouvernance provinciale actuelle, incarnée par le gouverneur Nkoso Kevani ? Peut-elle encore convaincre, quand même son propre président de parti, Monsieur Abdon Etina Bekile, reconnaît publiquement l’échec ? Lors d’un entretien avec Maï-Ndombe News, Bekile déclare : « Ce n’est pas moi qui l’ai mis là, c’est mon parti politique qui a gagné les élections des gouverneurs. » Mais cette légitimité électorale suffit-elle à justifier l’inaction ? Bekile admet que « le gouverneur n’a pas les moyens de sa politique », que « la rétrocession, la caisse de péréquation ne marchent pas ». Faut-il alors continuer à gérer la province par défaut, ou ouvrir un débat sur la responsabilité politique et institutionnelle ?
Dans ce climat de désillusion, Pascal Aimé Mongo Lokonda se dresse comme le catalyseur d’un changement attendu. Mais son appel aux élus — voter des édits porteurs de transformation, assumer leurs responsabilités, sortir la province du gouffre — a-t-il été entendu ? La cohabitation entre les visions politiques est-elle possible ou condamnée à l’affrontement silencieux ? L’agriculture, le tourisme et l’écologie peuvent-ils devenir les piliers d’une relance économique durable ?
La feuille de route proposée — désenclavement, infrastructures éducatives et bancaires, attractivité pour les investisseurs, espoir pour la jeunesse — est-elle réalisable dans un contexte de blocage institutionnel ? Et surtout, Maï-Ndombe peut-elle redevenir un modèle de résilience et de progrès si les volontés politiques restent fragmentées et les responsabilités diluées ?
L’heure de Maï-Ndombe a-t-elle vraiment sonné pour renaître — avec audace, avec vision, et avec conviction — ou faudra-t-il d’abord assumer l’échec, le reconnaître pleinement, et reconstruire sur des bases nouvelles ?
JBK


