Du flou au faux : Quand la parole politique de Sesanga trahit les victimes

Du flou au faux : Quand la parole politique de Sesanga trahit les victimes

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Dans un climat national marqué par l’agression persistante du M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo, les propos de Delly Sesanga, président du parti Envol et candidat déclaré à la présidentielle, ont provoqué une onde de choc. Interrogé sur la nature des groupes armés qui sévissent dans le Nord-Kivu, il a déclaré : “Ce ne sont pas des rebelles, ce sont des Congolais qui s’opposent à la politique de Tshisekedi. Eux se battent là-bas, moi je me bats ici.”
Cette réponse, loin d’être anodine, soulève une série de questions fondamentales sur la responsabilité politique, la mémoire collective et la clarté du discours public en période de crise.
En refusant de qualifier les auteurs des exactions comme des rebelles, Sesanga introduit une confusion sémantique lourde de conséquences. Il semble réduire une agression armée à une simple opposition politique. Ce glissement de langage, volontaire ou non, affaiblit la gravité des faits et brouille les repères institutionnels. Dans un État confronté à une guerre hybride, où des groupes armés s’attaquent aux populations civiles, la précision du vocabulaire n’est pas un luxe : c’est une exigence démocratique.

Dans une ville comme Goma, où les populations vivent sous la menace constante, où les déplacés se comptent par centaines de milliers, et où les cicatrices des conflits sont encore ouvertes, les mots ont un poids. Parler des agresseurs sans condamner leurs actes, c’est risquer de heurter la mémoire collective et de banaliser la souffrance. C’est aussi fragiliser le lien de confiance entre les institutions et les citoyens.
Delly Sesanga aspire à diriger le pays. Mais cette posture, qui semble vouloir ménager toutes les sensibilités, pose un problème de fond : peut-on prétendre à la magistrature suprême sans affirmer clairement son attachement à l’intégrité territoriale et à la sécurité des citoyens ? Le refus de nommer l’ennemi, même dans un souci de dialogue, affaiblit la parole politique. Il brouille la frontière entre opposition légitime et relativisation des violences.

Dans une nation meurtrie par l’agression, la parole publique ne peut se permettre l’ambiguïté. Elle doit être un rempart, non une échappatoire. En refusant de nommer clairement les auteurs des violences, Delly Sesanga ne commet pas seulement une imprécision : il fragilise le socle même de la République. Car dans les moments où l’intégrité du territoire est menacée, chaque mot engage. Chaque silence pèse. Et chaque détour s’interprète.

Ce n’est pas seulement une question de sémantique, mais de loyauté envers les institutions, de respect envers les victimes, et de responsabilité envers l’histoire. Gouverner, ce n’est pas composer avec l’indicible. C’est le nommer, le condamner, et s’en démarquer sans équivoque.
La République n’a pas besoin de voix qui relativisent l’ennemi. Elle a besoin de celles qui défendent sans trembler ses fondements, sa mémoire et sa souveraineté.

MMN

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