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0 Dans une prise de parole qui sonne comme un rappel à l’ordre institutionnel, le Professeur Evariste Boshab, constitutionnaliste de renom et ancien président du Parlement, revient sur les origines controversées de la Constitution congolaise de 2006. Il en expose les failles structurelles, interroge sa légitimité, et appelle à une relecture sans complaisance.
Boshab exhume les circonstances de Sun City, où des acteurs armés, non élus, se sont autoproclamés légitimes pour décider du sort de la nation. « Chacun crée son parti, se donne une légitimité, et participe à l’élaboration de la Constitution », rappelle-t-il. Pour lui, le texte n’est pas le fruit d’un mandat populaire, mais d’un compromis entre factions en quête de protection mutuelle.
Le professeur dénonce les privilèges verrouillés dans la Constitution par ses rédacteurs, qui entravent aujourd’hui les ambitions de transformation nationale. Il évoque une architecture juridique dépassée, incapable de répondre aux aspirations d’un État moderne. Dès son adoption, l’Église catholique avait d’ailleurs exigé une révision rapide, pointant des « malfaçons » majeures.
Boshab cible une contradiction politique : des figures comme Jean-Claude Mvuemba, qui avaient combattu le texte en 2005, s’y accrochent désormais au nom de la stabilité. « Ceux qui dénonçaient les inepties refusent aujourd’hui toute révision. C’est illogique », tranche-t-il, appelant à sortir du confort institutionnel et à affronter les limites du texte.
Au-delà du constat, Boshab pose une question stratégique : peut-on continuer à gouverner avec un texte conçu dans un contexte de guerre, sans mandat populaire, et dont les failles sont reconnues par tous ? Son intervention relance le débat sur la nécessité d’une réforme constitutionnelle, non comme manœuvre politique, mais comme exigence de refondation nationale.
