Le 24 août 2025, Augustin Kabuya, président par intérim de l’UDPS, a signé un communiqué inattendu et radical. Ce texte impose à tous les cadres investis dans les institutions de prouver leur appartenance militante réelle : renouvellement obligatoire de la carte de membre et paiement des cotisations à jour. Faute de quoi, leur nom pourrait être rendu public, dans une forme de sanction politique inédite.
Un message clair, lourd de signification, censé réaffirmer la discipline et la loyauté au sein du parti… mais passé sous silence par le principal intéressé : le président Félix Tshisekedi.
Quelques heures seulement avant la publication du communiqué, se tenait une messe en mémoire des militants de l’UDPS, un moment fort en symboles, où le président Tshisekedi, Augustin Kabuya et Déo Bisibu se trouvaient réunis. Moment idéal pour porter un message d’unité et de discipline, pourtant aucune référence à ce texte crucial n’a été faite.
Ce mutisme pose un double questionnement :Si le communiqué reflète la volonté présidente, pourquoi ne pas l’avoir officialisé publiquement en ce lieu d’importance ?
Si, au contraire, il s’agit d’une initiative propre à Kabuya, le silence du président révèle-t-il une distance, voire un désaccord ?
La partie est loin d’être anodine. L’UDPS est aujourd’hui divisée entre le camp Kabuya, incarnant la base militante et l’exigence d’une discipline rigoureuse, et le camp Déo Bisibu, plus institutionnel et pragmatique.
Sans un message clair de Tshisekedi, rien ne garantit que le camp Déo se pliera à cette injonction. Cette division reflète un parti fragmenté, tiraillé entre deux visions, deux légitimités, et deux lignes de commande distinctes.
Le silence présidentiel dans ce contexte devient une prise de position implicite. Peut-être un équilibre calculé pour ménager des sensibilités, ou une forme d’hésitation face à une crise interne qu’il peine à résoudre. En tout cas, ce mutisme affaiblit l’autorité politique de Tshisekedi en tant que chef de parti, laissant planer le doute sur sa capacité à fédérer son camp.
À l’heure où l’UDPS se retrouve en « apesanteur », suspendue entre mémoire militante et tensions internes, une question majeure se pose : ce communiqué sera-t-il respecté ? Et si oui, par qui ?
Le parti peut-il encore se rassembler autour d’une discipline commune quand ceux qui sont censés la faire appliquer ne parlent pas d’une même voix ?
Le temps presse pour Tshisekedi : une prise de position claire, publique, pourrait apaiser les tensions. À défaut, l’UDPS risque de s’enfoncer dans une crise profonde, dont les conséquences pourraient dépasser les seuls murs du parti pour toucher la stabilité même de la majorité présidentielle.
Merveille Maleya


