Dans les cercles du pouvoir déchu, certaines voix prétendent défendre, mais finissent par exposer. Celle de Kikaya Bin Karubi, ancien conseiller diplomatique de Joseph Kabila, illustre cette dérive. En affirmant que « l’on condamne Kabila pendant que l’on négocie avec le M23 à Doha », Kikaya ne dénonce pas une incohérence : il l’incarne.
Sa déclaration, censée souligner l’absurdité du pouvoir, opère en réalité une confusion stratégique majeure. En reliant Kabila aux négociations de Doha, il suggère que l’ancien président est concerné par les pourparlers, donc par le conflit. Ce glissement rhétorique, loin d’innocenter, alimente les soupçons. Il transforme la défense en aveu implicite, et la posture victimaire en reconnaissance diplomatique.
Le plus troublant n’est pas ce que Kikaya dit, mais ce qu’il oublie. Corneille Nangaa et ses alliés, également liés à l’AFC-M23, ont été condamnés et dépouillés de leurs biens. Ce précédent judiciaire, passé sous silence, affaiblit la cohérence du discours. En focalisant l’attention sur Kabila, Kikaya crée une exception là où la justice a déjà tranché. Il ne défend pas : il isole.
Cette parole désordonnée révèle une faille plus profonde dans le camp Kabila : l’absence de stratégie, l’incapacité à articuler une ligne défensive claire, et la tentation de substituer la loyauté à la lucidité. Chaque sortie médiatique devient un piège, chaque phrase un outil de fragilisation.
Kikaya incarne une forme de loyalisme qui confond fidélité et aveuglement. En refusant toute nuance, en multipliant les déclarations incendiaires, il expose son propre camp à une lecture institutionnelle implacable. Il ne protège pas Kabila : il l’enferme dans un récit qu’il prétend combattre.
Et dans ce naufrage rhétorique, c’est l’image d’un ancien chef d’État qui vacille. Non pas sous les coups de ses adversaires, mais sous les maladresses de ses soutiens. Quand la parole devient un fardeau, le silence stratégique aurait été une forme de loyauté plus efficace.
Merveille Maleya


