Le sommet tant attendu entre Donald Trump et Vladimir Poutine suivi des rencontres de Washington avec Volodymyr Zelensky et les Européens ne semblent pas avoir fait évoluer la situation.
Une mise en scène en grande pompe, trois heures de réunion, la promesse d’avancées… et un échec diplomatique et géopolitique ? La rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Anchorage en Alaska, trois jours avant celle entre le président américain, Volodymyr Zelensky et sept leaders européens à Washington – dont Emmanuel Macron – n’a permis aucune progression concrète.
Ce, malgré le flatteur tapis rouge déroulé au dirigeant russe – visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour le crime de guerre de « déportation illégale » d’enfants ukrainiens –, les applaudissements de son homologue à son égard, et leurs autocongratulations devant la presse en fin de session. Malgré, aussi, les menaces de Donald Trump, qui avait promis en amont du sommet que la Russie ferait face à de « très graves » conséquences si aucun cessez-le-feu n’était signé, avec un ultimatum qui a fini par s’évaporer.
Aucun accord ni même embryon d’accord n’a donc été conclu le 15 août. Toujours aussi imprévisible, Donald Trump a de nouveau mis l’accent sur la responsabilité de Volodymyr Zelensky pour parvenir à un accord de paix, suggérant au dirigeant de faire des concessions, notamment territoriales – ce que Kiev refuse fermement depuis le début de l’invasion russe. Pis, dans la nuit du 20 au 21 août, l’armée russe a lancé une attaque massive sur l’Ukraine, la plus grande depuis mi-juillet, à l’aide de 574 drones et 40 missiles balistiques et de croisière. Un véritable pied de nez de Vladimir Poutine face aux tractations en cours…
« Vladimir Poutine mène Trump et les Européens tout droit dans un guet-apens »
« Vladimir Poutine mène Trump et les Européens tout droit dans un guet-apens », affirme dans The Spectator le spécialiste Owen Matthews. Dans l’hebdomadaire conservateur, il soutient que l’ex-agent du KGB, dont « l’un des plus grands talents est d’apparaître mesuré et constructif alors que le fond de son propos est hypocrite, intransigeant, voire carrément menaçant », a réussi son coup : « Son plan est de tout faire pour convaincre Trump – son nouveau meilleur ami et partenaire en affaires – qu’il est raisonnable, fait des concessions et se montre ouvert au dialogue. Dans le même temps, il va lister une série de conditions insoutenables pour l’Ukraine. »
En parallèle, le maître du Kremlin joue la montre : Vladimir Poutine n’a-t-il pas, sur le principe, accepté de rencontrer son homologue ukrainien, mais, depuis, ralenti le plus possible le processus, en imposant des étapes préalables chronophages ? Une telle posture risque, en plus, de mettre à mal la collaboration entre les États-Unis et l’Europe, déjà fragile, pour œuvrer en faveur d’un accord de paix : « Soit le Vieux Continent s’engagera à ne pas transiger sur la souveraineté ukrainienne – ce qui signifierait de continuer à soutenir Kiev sans assistance américaine –, soit elles se résoudront à un compromis ignoble avec le Kremlin », poursuit l’expert dans les colonnes du magazine britannique. D’ailleurs, à l’issue de sa réunion avec Donald Trump, le dirigeant russe a déclaré espérer « que l’accord que nous avons trouvé ouvrira la voie à la paix et que l’Europe n’usera pas de provocation pour nuire à celui-ci ». C’est dit.
Poutine, seul gagnant de ce sommet ?
Ainsi, la presse étrangère note une chose : n’ayant permis aucune avancée sur le front ukrainien, cette réunion bilatérale n’a servi qu’à un seul de ses acteurs.
En descendant le tapis rouge qui lui était déroulé et en entrant aux côtés de Donald Trump dans « The Beast », la Cadillac présidentielle, l’ex-paria international Vladimir Poutine a été réhabilité, et a bénéficié d’une véritable visibilité diplomatique en Occident.
Le Point


