Pour mettre fin aux rumeurs qui circulent sur la prétendue décoration avortée de quelques chefs coutumiers de la province du Haut-Uélé par la Chancellerie des Ordres nationaux, nous avons approché le numéro 1 de ce service rattaché à la présidence et qui agit au nom du Président de la République, le Grand Chancelier des Ordres nationaux.
Interview à cœur ouvert avec le Général Major André Matutezulwa, Chancelier des Ordres nationaux.
La Transparence (LT) : Excellence Monsieur le Chancelier, nous avons appris que certaines délégations des chefs coutumiers du Haut-Uélé venues à votre rencontre pour leur décoration prévue à la fin du mois de septembre 2024 n’ont pas eu gain de cause. Qu’en dites-vous ?
Chancelier des Ordres nationaux (CON) : Je tiens à vous remercier pour être directement venu, auprès de moi, requérir l’information nécessaire au sujet de l’invitation, ici à Kinshasa, des personnalités venues du Haut-Uélé pour une quelconque cérémonie de décoration, les concernant, qui aurait été prévue à la fin du mois de septembre. A ce sujet, je vous informe que l’agenda de la Chancellerie des Ordres Nationaux ne prévoyait pas de cérémonie de décoration au mois de septembre. En ma qualité de Chancelier des Ordres Nationaux, je suis celui qui procède, par délégation de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Grand Chancelier des Ordres Nationaux, aux décorations dans les mérites. A ce titre, une cérémonie de décoration qui m’implique personnellement et directement ne saurait s’organiser sans que je ne le sache. Pour être clair, il n’y a pas eu de cérémonie décoration qui aurait été projetée au mois de septembre. Cette invitation ne dit pas vrai. Et même sur la liste des dossiers reçus du Gouverneur de la Province du Haut-Uélé, aucun nom des personnalités venues du Haut-Uélé et qui séjournent actuellement à Kinshasa, ne s’y trouve.
En effet, il y a beaucoup de questions autour de cette invitation, aussi bien dans son fond que dans sa forme. Moi-même qui suis repris comme ampliataire sur elle, je n’ai jamais reçu ma propre copie et pourtant, je reste la seule autorité qui doit procéder, par délégation, à la décoration. Devant ce flou, j’avais cherché à en savoir plus, et au fur et à mesure que mes investigations se poursuivent, je suis en train de découvrir que par ignorance de la procédure requise en matière de décoration, beaucoup de nos valeureux compatriotes se font duper et tombent malencontreusement dans les filets des réseaux obscurs des racketteurs qui les extorquent d’importantes sommes d’argent, du coup, font tout pour empêcher leurs victimes à nous approcher pour accéder à l’information et à la lumière.
LT : Partant de ce que vous venez de dire, pouvons-nous connaître le critérium d’éligibilité à la décoration, entendu par-là la procédure normale pour être décoré par la Chancellerie des Ordres Nationaux ?
CON : Avant tout, la Chancellerie des Ordres Nationaux est un service public rattaché à la Présidence de la République. De par les textes, l’organe numéro 1 de sa structure organique reste Son Excellence Monsieur le Président de la République, Grand Chancelier des Ordres Nationaux. Le deuxième organe est le Chancelier des Ordres Nationaux qui est le délégué Permanent du Grand Chancelier et, par ce fait, Autorité Tutélaire. Le troisième organe est le Secrétaire Général qui gère, sous l’autorité et la supervision du Chancelier, toute l’administration.
Les missions de ce service se résume à trois R, à savoir Rechercher, Recenser et Récompenser les mérites de tous ceux et toutes celles qui rendent ou qui ont déjà rendus des loyaux services à la Nation. Il s’agit d’une autre variante de l’Etat de droit qui sanctionne positivement les mérites, suscite l’émulation, au sein de la société, et contribue à la promotion de valeurs et de la culture de l’exemplarité.
Pour arriver à la décoration, la procédure requise prévoit les étapes suivantes :
1. La saisine de la Chancellerie des Ordres Nationaux par lettre ou l’identification par elle d’un potentiel mérite ;
2. La constitution des dossiers (état de service, preuve d’honorabilité à travers des témoignages et avis favorables de la tutelle,…) ;
3. Traitement des dossiers par une commission ad hoc ;
4. Si dossiers admis, communication par lettre du Chancelier des frais de deux types. Un état de besoin des frais à verser au Trésor public (DGRAD) conformément à l’Arrêté interministériel n°002/CAB/MIN.P.PRESIREP/2022 et n°053/CAB/MIN/FINANCES/2022 du 15 juin 2022 portant fixation des taux des droits, taxes et redevances à percevoir à l’initiative de la Chancellerie des Ordres Nationaux et deuxième état de besoin lié à la préparation logistique de la cérémonie ;
5. Une fois les frais payés, communication par lettre de l’agenda de la cérémonie ;
6. Lancement de l’invitation par lettre du Chancelier et transmission du programme de la cérémonie.
Pour le cas de la délégation venue du Haut-Uélé, cette procédure n’a pas été de mise.
LT : Mon Général, Vous avez fait allusion aux intermédiaires maffieux. Quel message pouvez-vous lancer à la population pour qu’elle ne tombe plus dans leur piège ?
CON : Je reconfirme effectivement l’existence des réseaux maffieux et certaines associations factices qui veulent jouer aux intermédiaires entre la Chancellerie des Ordres Nationaux et les récipiendaires, notamment à Kinshasa, et dans les zones minières, particulièrement dans les espaces ex-Province du Katanga et ex-Province Orientale. Monsieur le journaliste, les portes de la Chancellerie des Ordres Nationaux, à quelque niveau que ce soit, sont grandement ouvertes. La Chancellerie des Ordres Nationaux étant un service d’honneur et d’excellence, doit rayonner. Son image ne doit pas être traînée dans la boue. Il est ainsi de mon devoir de combattre tous ces réseaux maffieux d’autant plus qu’ils sont « hors la loi ». Et à ma qualité de militaire, je réaffirme que « combattre le mal et les désordres qu’il provoque est un devoir sacré quoiqu’il en coûte ».
LT : Que ferez-vous si certains de vos cadres et agents, se retrouveraient impliqués dans ces réseaux ?
CON : Si les faits sont avérés, je ferai tout ce qui est de mon pouvoir pour appliquer les dispositions administratives en sanctionnant tous les coupables à quelque niveau que ce soit (personnel de l’administration et celui de mon cabinet). Un service ou une institution publique comme la Chancellerie des Ordres Nationaux se gère prioritairement par les textes et les procédures, pas par des humeurs et états d’âmes. Dura lex sed lex, la force ne doit rester qu’à la loi.
JBK


