Constant Mutamba est-il cet acteur sur qui Félix Tshisekedi peut compter pour soigner une justice réputée malade ? En effet, depuis sa nomination, le jeune ministre multiplie des actions que d’aucuns considèrent aussitôt comme une usurpation du pouvoir, de quoi lui attirer d’ailleurs la furie des magistrats et des syndicats.
Cependant, en dépit de la grogne, Mutamba ne désarme pas. Le mardi 27 août dernier encore, il a pris une série de mesures qui font polémiquesm dans l’opinion : des suspensions en cascade dont celle du procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe après un incident diplomatique à l’ambassade de la France en RDC.
Là encore, si une partie de l’opinion y voit un acte courageux et intrépide dans un océan où nagent les caïmans, d’autres accusent le gardien des sceaux de s’ingérer dans les oignons du procureur général près la Cour de cassation, en violation du principe de la séparation des pouvoirs.
« Un ministre de la justice n’a pas compétence ni de suspendre un magistrat, ni d’ordonner une arrestation. Ce communiqué viole le principe de la séparation des pouvoirs qui est pourtant le socle de l’Etat de droit, commente Hubert Masomeko, chercheur congolais.
Il s’agit donc là d’une nouvelle paire de manche et le ministre ne tardera peut-être pas à se faire de nouveaux ennuis.
Constant Mutamba est-il donc ce ministre zélé qui ignore ses limites ou est-il ce Congolais que le pays attendait pour redonner à la RDC ses plus belles lettres de noblesse ? La question reste entière.
D’ores et déjà, Félix Tshisekedi attend des résultats. En conseil des ministres du vendredi dernier, le chef de l’Etat a exhorté une collaboration entre les magistrats et le ministre de la justice pour des réformes dans le secteur judiciaire.
Décidément, le ministre de la justice a la bénédiction du président congolais qui espère voir une justice différente d’ici quelques mois. Reste à savoir si le successeur de Rose Mutombo continuera à défier les syndicats des magistrats ou cédera finalement à la pression venant de tous les bords.
Jean Ngaviro


