Le parti au pouvoir en République démocratique du Congo est à la croisée des chemins. Les dissensions internes qui ont fini par s’étaler à la place publique n’ont guère trouvé en dépit des médiations menées jusqu’ici. Au centre de tout, se trouve Augustin Kabuya, secrétaire ou, plutôt, ex-secrétaire général de l’UDPS.
Une partie de cadres et militants du parti lui reprochent entre autres « le manque de vision; des sorties médiatiques inopportunes, hasardeuses et non concertées; le clientélisme politique dans la gestion des enjeux; la gestion solitaire et personnalisée du parti; la tenue des propos injurieux et tribalistes à l’endroit des Kasaïens du Katanga; l’utilisation abusive des prérogatives dévolues à la présidence du parti et un mépris du principe de recevabilité et de la collégialité », avait-on lu dans une déclaration de désaveu des secrétaires nationaux il y a quelques jours.
Le dimanche 11 août, André Mbata, ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale est même allé trop loin dans les accusations :
« Augustin Kabuya est l’un des pierres dirigeants que le parti n’ait jamais connu. L’homme qui affirme rester chef du parti présidentiel symbolisait toutes les antivaleurs contre lesquelles les pères de l’UDPS et tous les cadres et combattants se sont battus », a-t-il lâché après la déchéance de Kabuya par la convention démocratique de l’UDPS.
Dans la foulée, un nouveau secrétaire général par intérim a été désigné.
Cependant, les pro-Kabuya ne l’entendent pas de cette oreille. Ils voient en cette démarche une haine contre le dirigeant du parti présidentiel et dénoncent une démarche illégale menée par un groupe d’individus. Dans une réaction qui fait le tour des médias sociaux, Peter Kazadi, ex-ministre de l’Intérieur, s’est montré intransigeant vis-à-vis d’André Mbata.
« Étonnant qu’un professeur des universités de votre trempe soit aussi aveuglé par la haine et l’envie au point de perdre toute lucidité face à l’illégalité manifeste. Je me demande si vous avez lu les statuts et règlement intérieur de l’UDPS avant de vous lancer dans cette aventure qui n’a fait que discréditer davantage notre parti. Ce que je sais est qu’il s’agit d’un coup d’épée dans l’eau, car cette entreprise ne prospérera pas », a-t-il écrit.
Ces positions tranchées qui entrevoient 2 pôles diamétralement opposés présagent une implosion. D’une part, des pro-Kabuya; d’autre part, des pro-changement, surtout qu’il s’agit, d’un côté tout comme de l’autre, des cadres du parti et non des moindres.
A moins qu’une commission vérité et réconciliation soit instaurée au plus vite, on redoute que l’UDPS vole en éclats, même si, lors de sa dernière intervention à la presse, Félix Tshisekedi a considéré cette guéguerre comme « une vitalité de la démocratie » au sein du parti politique qui l’a vu grandir.
Sauf si le chef de l’Etat décide de s’inviter dans le débat pour calmer des ardeurs des uns et des autres, les signaux lancés par les cadres de l’UDPS sont inquiétants et risquent de provoquer d’imprévisibles conséquences si l’on y prend pas garde.
A ce stade, les fissures sont bien réelles au sein de l’UDPS, même si tous les protagonistes restent rangés derrière Félix Tshisekedi.
Jean Ngaviro


