Depuis plusieurs mois, les abonnés de la société nationale d’électricité –SNEL- ne sont plus servis comme il se doit, même s’ils paient les factures mensuelles de l’énergie électrique qu’ils n’ont pas consommée. Dans la ville de Kinshasa, les commerçants ainsi que des particuliers recourent aux groupes électrogènes pour faire face au préjudice causé par le manque d’électricité. Cette situation entrave le déroulement de leurs activités dans le secteur de la production et de la vente et la conservation des vivres frais.
L’augmentation des prix de certains produits, la consommation en grande quantité de carburant, la mise en congé technique du personnel dans certaines petites et moyennes entreprises sont les conséquences de coupures intempestives de courant dans la ville de Kinshasa. « En ce moment, nous faisons des pertes énormes et cette situation nous dérange, nous risquons d’assainir nos travailleurs. Nous disposons d’un groupe électrogène. Sa consommation journalière avoisine 200 à 300 litres par jour », indique le chef du personnel d’une alimentation-boulangerie. Selon lui, un pain au lait vendu autrefois à 600 FC revient aujourd’hui à 800 FC.
Cette même difficulté est également ressentie par les responsables des chambres froides. Pour mettre fin à cette situation, ceux du marché Somba Zigida ont décidé de surseoir à leurs activités. Certains, par contre, s’arrangent autrement en achetant du carburant pour alimenter les groupes électrogènes. D’autres tenanciers des chambres froides trouvent d’autres moyens pour s’en sortir. « Nous sommes obligés de liquider nos produits voire de solder le prix pour éviter la perte » renseignent-t-ils.
Certes, ces coupures intempestives de courant électrique ont un impact sur la conservation des vivres frais mais aussi sur la population. Selon, Le Dr Mavare coordonnateur de l’hygiène pour la ville de Kinshasa et docteur en santé public, ces vivres constamment dégelés et recongelés sont un terrain propice à la multiplication de microbes. Par conséquent, ils occasionnent des maladies chez l’homme, précise –t-il. « Lorsqu’il y a coupure de courant, la chaîne de froid est rompue, il y a gélation des produits et multiplication des microbes, bactéries dans les vivres frais », explique le docteur Mavare. Et d’ajouter: « Les consommateurs, en s’approvisionnant en vivres peut être recongelés et ayant connu un processus de multiplication de microorganisme dans les chambres froides, se livrent à la diarrhée et à d’autres maladies », poursuit-t-il.
Des explications qui ne tiennent pas debout

Depuis l’arrivée à la tête de la Snel de l’actuel comité de gestion, plus rien ne semble marcher dans la distribution de l’énergie électrique. Des coupures interviennent à tout moment de la journée, au point que l’on ne sait plus que faire. Des quartiers entiers demeurent pendant des semaines, voire des mois, sans électricité, favorisant de la sorte le phénomène kuluna contre lequel les autorités ont déclenché l’opération Panthère noir.
Pourtant, c’est pendant la saison des pluies que le barrage d’Inga produit abondamment d’énergie électrique pour alimenter les populations et les usines ainsi que les industries. Curieusement, au cours de cette saison, les dirigeants de la Snel ne sont pas capables de desservir comme il se doit les populations en courant électrique. L’on se demande alors ce qu’il en sera pendant la saison sèche qui s’annonce déjà et au cours de laquelle le niveau des eaux du fleuve baisse considérablement. Dès lors, les mandataires de la Snel évoqueront-ils l’étiage pour cacher leur incapacité à remplir la mission qui leur a été assignée par l’Etat ?
Dans le souci d’éclairer la lanterne de nos lecteurs, notre rédaction avait pris contact avec le DG Fabrice Lusinde qui, à son tour, l’a orientée vers son directeur de cabinet. Le jour du rendez-vous convenu, ce dernier a fait reporter sine die la rencontre sans motif valable. Pire, le Directeur général a même retiré notre journal de son compte watshapp comme pour montrer son refus de fournir des explications sur la situation qui prévaut actuellement au sein de la Snel.

Pourtant, en notre qualité d’informateur, nous avons l’obligation d’aider les abonnés à comprendre les tenants et les aboutissants de ladite situation, et surtout sur des coupures intempestives d’énergie électrique qui paralysent toutes les activités dans la ville de Kinshasa. Face à la situation que tout le monde dénonce à haute voix, l’on se demande si le chef de l’Etat doit continuer à maintenir à la tête de la Snel, des mandataires incapables de satisfaire les besoins des populations et des unités de production en énergie électrique. D’autant plus que le développement d’une nation ne peut être possible que grâce à l’électricité que notre pays produit en grandes quantités.

Si aucune mesure n’est prise pour redresser cette situation, il y a lieu d’affirmer, sans crainte de se tromper, que le développement industriel dont rêve notre pays risque d’être un vœu pieux.


