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0 À quelques jours de la levée officielle de la suspension des exportations de cobalt, le président Félix Tshisekedi a annoncé un changement de cap stratégique : dès le 16 octobre 2025, la République démocratique du Congo adoptera un système de quotas pour encadrer durablement la filière. Objectif affiché : restaurer la souveraineté économique du pays, maximiser les recettes publiques et assainir une chaîne d’approvisionnement longtemps soumise à des logiques prédatrices.
Lors de la 61ᵉ réunion du Conseil des ministres, le chef de l’État a salué les effets déjà tangibles des mesures de régulation mises en œuvre par le ministère des Mines et l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS). En sept mois et demi, le prix du cobalt métal est passé de 21 936 USD à 42 108 USD la tonne, tandis que l’hydroxyde de cobalt a bondi de 12 566 USD à 36 927 USD, soit une hausse de 194 %. Ce rééquilibrage du marché, selon Tshisekedi, confirme la pertinence des restrictions temporaires et justifie leur prolongement sous une forme plus structurée.
> « Trop longtemps notre pays a été victime de stratégies prédatrices. Les suspensions successives et désormais les quotas constituent des instruments de souveraineté, de transparence et de régulation », a déclaré le président.
Le nouveau dispositif prévoit une limitation mensuelle des exportations à 7 250 tonnes, contre des volumes antérieurs bien plus élevés. Une réserve stratégique de 9 600 tonnes sera placée sous la gestion directe de l’ARECOMS, qui aura pour mission de stabiliser les cours, réduire les excédents et garantir une commercialisation équitable. Les ministères de l’Intérieur, des Finances et des Mines ont été instruits de soutenir sans faille cette autorité dans sa mission de contrôle et de redressement.
Au-delà des chiffres, cette réforme marque une inflexion politique majeure : la RDC ne veut plus être un simple pourvoyeur de matières premières, mais un acteur régulateur capable d’influencer les dynamiques mondiales du cobalt, métal stratégique pour les batteries électriques et les technologies vertes.
Alors que plusieurs pays producteurs peinent à imposer leurs normes face aux multinationales, Kinshasa tente une voie singulière : celle d’une régulation nationale assumée, fondée sur des instruments étatiques et une volonté politique affirmée. Reste à voir si cette stratégie tiendra face aux pressions du marché et aux intérêts étrangers.
Merveille Maleya
