RDC–L’armée face à ses alliés incontrôlés : Les Wazalendo sommés de rentrer dans les rangs

RDC–L’armée face à ses alliés incontrôlés : Les Wazalendo sommés de rentrer dans les rangs

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Le ton est monté. Le général-major Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, a lancé un avertissement sans détour aux milices Wazalendo : « Ils n’ont aucun ordre à donner à l’armée nationale. » Cette déclaration, loin d’être anodine, révèle une fracture stratégique dans le front de résistance contre le M23, où les supplétifs patriotes semblent désormais vouloir s’ériger en arbitres de la hiérarchie militaire.

Ce qui devait être une alliance ponctuelle s’est mué en rapport de force. Les Wazalendo, initialement mobilisés pour renforcer les lignes de défense, contestent aujourd’hui la nomination du général Olivier Gasita à la tête de la 33ᵉ région militaire. Leur opposition, fondée sur des soupçons non étayés de collusion avec l’ennemi, illustre une dangereuse dérive : celle d’une milice qui prétend influer sur les décisions stratégiques de l’armée régulière.

Le général Ekenge, en rappelant la souveraineté de la chaîne de commandement, tente de rétablir une ligne rouge que les Wazalendo semblent prêts à franchir. Mais cette mise au point révèle aussi l’ambiguïté d’un dispositif sécuritaire où l’État, en quête de renforts, a ouvert la porte à des acteurs non institutionnels désormais difficiles à contenir.

L’accusation portée contre le général Gasita n’est pas seulement une attaque contre un homme : elle est une remise en cause de l’autorité militaire. En l’absence de cadre légal clair, les Wazalendo deviennent des vecteurs de suspicion, où la loyauté nationale se dilue dans des logiques identitaires et communautaires.

Ce climat de défiance fragilise la cohésion du front anti-M23. Il expose l’armée à une fragmentation interne, où chaque groupe armé pourrait prétendre à un droit de veto sur les décisions opérationnelles. Une logique de milicianisation rampante menace ainsi l’intégrité du commandement républicain.

La sortie du général Ekenge est un acte de défense institutionnelle. Elle pose une question cruciale : jusqu’où l’État peut-il tolérer l’autonomisation de ses alliés armés sans compromettre sa propre légitimité ? Car derrière le vernis patriotique des Wazalendo, se profile une dynamique centrifuge, où la guerre contre le M23 devient le prétexte à une recomposition des rapports de force.

L’heure n’est plus aux compromis tactiques. Il faut rétablir la verticalité du commandement, encadrer juridiquement les supplétifs, et restaurer la pédagogie républicaine du rôle de l’armée. Car la République ne se défend pas dans la confusion des statuts, mais dans la clarté des responsabilités et la rigueur des institutions.

Merveille Maleya

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