Dans les coulisses du football européen, un slogan s’affiche avec insistance : « Visit Rwanda ». Sur les maillots du Paris Saint-Germain, dans les tribunes du Bayern Munich, sur les écrans d’Arsenal. Mais derrière ce message touristique se cache une architecture d’influence bien plus profonde. Le Rwanda n’achète pas de visibilité. Il achète de la légitimité. Et le Qatar, en stratège du soft power, orchestre cette mise en scène.
Le football comme vitrine diplomatique
Le PSG, propriété de Qatar Sports Investments, est le fer de lance de cette opération. En avril 2025, le club a renouvelé son partenariat avec « Visit Rwanda » jusqu’en 2028, malgré les accusations de l’ONU contre Kigali pour son soutien au groupe rebelle M23 dans l’est de la RDC. Arsenal, plus prudent, a rompu son contrat. Le Bayern, sous pression populaire, a réorienté le partenariat vers la formation des jeunes à Kigali.
Mais le PSG reste fidèle. Non pas au Rwanda, mais à Doha.
Doha, centre névralgique d’une alliance
Le processus de Doha, lancé en mars 2025, a réuni Kagame, Tshisekedi et l’émir du Qatar autour d’une table censée favoriser la paix. Mais cette médiation est tout sauf neutre. Le Qatar, investisseur majeur au Rwanda, agit comme garant diplomatique du régime rwandais.
– Qatar Airways détient 49 % de RwandAir.
– Le nouvel aéroport de Bugesera est financé par Doha.
– Le Kigali Financial Centre est en partenariat avec le Qatar Financial Centre.
– Des forums sportifs et économiques sont co-organisés à Kigali avec des fonds qatariens.
Ce n’est pas une coopération. C’est une greffe stratégique.
Sponsoring militaire et sécuritaire
Le Qatar forme les forces spéciales rwandaises, livre des équipements, et soutient la montée en puissance sécuritaire de Kigali. Dans le Kivu, où le M23 mène des offensives meurtrières, cette alliance devient explosive. Le Qatar sponsorise un régime accusé d’alimenter une guerre, tout en se présentant comme médiateur.
Le sponsoring comme camouflage
« Visit Rwanda » n’est pas un slogan. C’est un écran. Il détourne l’attention des crimes, des conflits, des accusations. Il transforme un régime militarisé en destination touristique. Et le Qatar, en maître du récit, utilise ses clubs comme relais : le PSG comme vitrine, le Bayern comme laboratoire, Arsenal comme contre-exemple.
Le Rwanda est devenu le showroom africain du soft power qatari. Le sponsoring sportif, loin d’être neutre, est un outil de légitimation, un levier d’influence, un camouflage diplomatique. Et tant que les stades serviront de paravent, les conflits pourront se poursuivre… sous les projecteurs.
> Quand les maillots brillent, les crimes s’effacent. Et le Qatar, en chef d’orchestre, transforme le silence en stratégie.
*Merveille Maleya*


